Ouédraogo P Isidore est directeur exécutif au sein de l’association Pag la Biig Yidgri(APBY), Association membre du RODEB. Cette association a bénéficié d’un financement FAIP-N du RODEB pour son projet « Prise en charge de cent (100) nourrissons de femmes apprenantes dans cinq (05) centres permanents d’alphabétisation et de formation de la province du Bam. Au terme de la mise en œuvre de ce projet, il nous présente son bilan.
RODEB : Quel a été le contexte qui a prévalu la mise en œuvre de ce projet ?
P.Isidore : Ce sont des difficultés que les femmes rencontrent face à la prise en charge de leurs enfants dans les salles d’alphabétisation. En effet, nous avons remarqué que les enfants envahissent les salles et il leur est difficile de bien suivre les cours. Face à cette situation, elles nous ont demandé de trouver une solution si possible, pouvant accompagner les enfants pendant qu’elles suivent les cours. C’est pourquoi nous avons initié ce projet et l’avons soumis au RODEB dans le cadre du Fond d’Appui aux Initiatives FAIP-N du RODEB et le projet a été financé.
RODEB : Le projet étant à son terme, quel est votre degré de satisfaction ?
P.Isidore : Je me réjouis des résultats engrangés. Nous avons pu prendre en charge plusieurs nourrissons. Les femmes ont pu suivre correctement les cours. Nous avons engrangé un taux de réussite satisfaisant à la fin de l’année et j’en suis très heureux.
RODEB : Quel a été ce taux de réussite satisfaisant ? Est-il meilleur à celui de l’année passée ?
P.Isidore : Cette année nous avons un taux de réussite de 100%. Sur le plan provincial, l’année passée, nous étions à 65%. Cette année, nous sommes à 75%. On constate donc aisément que la prise en charge des nourrissons a amélioré le taux de réussite.
RODEB : Des résultats satisfaisants dites-vous, le projet connaitra-t-il donc une seconde phase ?
P.Isidore : Certes le projet est fini. Mais étant donné que nous avions défini des critères de durabilité, de pérennisation lors de son élaboration, nous n’attendons donc pas à nous arrêter là. Dès l’année prochaine, nous allons ouvrir les centres d’alphabétisation. Etant donné aussi que le matériel existe déjà, et que les animatrices sont formées à la prise en charge des nourrissons, nous allons nous entendre avec les bénéficiaires afin que le projet soit poursuivi car il est vraiment salutaire.
RODEB : Au-delà de tous ces résultats engrangés, y a-t-il eu des obstacles auxquels vous aviez dû faire face lors de la mise en œuvre de ce projet ?
P.Isidore : L’une des difficultés majeures fut le lancement assez tardif de la campagne d’alphabétisation cette année. Ce fut vraiment tard et il fallait aussi exécuter le projet dans le temps imparti tout en ayant pour attentes des résultats satisfaisants. Au début de la mise en œuvre concrète du projet, il y’eut des obstacles comme dans toute activité, mais cependant, des obstacles qui n’ont pas été insurmontables. L’essentiel a été fait pour dépasser ces insuffisances.
RODEB : Au total, combien de nourrissons ont –ils été pris en charge ?
P.Isidore : Il était prévu la prise en charge de 100 nourrissons soit 20 nourrissons par centre. Comme il fallait y s’attendre, il y eu quelques dépassements surtout à kongoussi. Un centre a été mis en place. Nous avions essayé de mettre en place un centre à Kongoussi appelé « centre expérimental ». Il faut dire qu’à kongoussi, APBY a des centres de formations spécifiques. Ainsi, à chaque fois qu’il y a une formation, nous nous organisons pour prendre en charge les enfants des participantes. Si nous devons donc comptabiliser le nombre d’enfants pris en charge, l’on peut noter 117 nourrissons au total qui ont été pris en charge.
RODEB : Pour la campagne prochaine, quelle plus-value comptez-vous ajouter ou quelles sont les dispositions particulières que vous comptez prendre afin d’avoir davantage de meilleurs résultats ?
P.Isidore : En termes d’innovation, nous pensions inclure le volet sanitaire dans la prise en charge des nourrissons. Il serait intéressant d’avoir même des trousses pharmaceutique dans chaque unité de prise en charge des nourrissons. Nous sommes donc sur cela et essayons de voir comment satisfaire ce volet. D’ores et déjà il faut dire que des jouets seront aussi au menu, car pour cette campagne qui vient de s’écouler, nous n’avons pas pu mettre à la disposition des enfants des jouets pour les amuser. En termes d’innovation il y’a aussi la fabrication de la bouillie enrichie. Nous entendons aussi lors de cette campagne vulgariser la fabrication de la bouillie enrichie au profit des personnes, pourquoi pas au profit même des apprenantes au lieu de se limiter seulement aux animatrices.
RODEB : Etant donné que l’obstacle majeur de l’éducation des femmes dans ces villages reste la prise en charge de leurs enfants, lors de la campagne prochaine d’autres risquent de s’y intéresser. Avez-vous pensé à cette éventualité, si oui des dispositions sont-elles prévues ?
P.Isidore : Si des femmes sont intéressées, nous pouvons les inscrire. Le ministère de l’éducation autorise jusqu’à 30 apprenants. Nous n’en prenons qu’une vingtaine à notre niveau parce que des activités sont réalisées à l’endroit de ces dernières. Nous sommes donc obligés de nous limiter à ce nombre afin d’être performant. Elles ont aussi une petite prise en charge et après le formation, elles ont droit à des activités. Mais à travers ce projet, s’il se trouve que d’autres sont intéressés, nous pouvons aller jusqu’à 30 apprenants, et négocier avec le partenaire. Si ces négociations n’aboutissent pas, étant donné qu’elles sont venues d’elles-mêmes et qu’elles manifestent leur intérêt, je pense qu’elles pourront rester et suivre les cours. Bénéficier des connaissances est déjà très important, même si elles ne bénéficient de la prise en charge, rejoindre le centre est très important pour elle.
RODEB : Et quelle est l’importance de l’éducation de ces femmes ?
P.Isidore : L’alphabétisation est très importante. Elles le disent elles-mêmes. Elles affirment que « sans alphabétisation sans connaissances, on ne peut rien faire. » elles prennent souvent l’exemple du numéro de téléphone. Par ailleurs, nombreuses sont celles qui font de la maraicher-culture. Grace à l’alphabétisation, elles arrivent à créer leur compte d’exploitation. Nous avions organisé des formations sur la création des comptes d’exploitation, la gestion de petites unités économiques pour femmes. Si ces dernières n’étaient pas alphabétisées, elles n’allaient pas pouvoir suivre ces formations. En étant alphabétisées, elles arrivent à dresser leurs comptes d’exploitations, à calculer leurs recettes, leurs dépenses. « Ecrire, lire, calculer est donc très important pour les femmes de nos jours »
RODEB : Et pour finir, avez-vous bénéficié du soutien des services techniques de l’éducation dans ce projet ?
P.Isidore : La direction provinciale de l’éducation et de l’alphabétisation nous a beaucoup soutenu à travers des tournées, suivis et enfin l’évaluation du programme alpha pour la certification des femmes. Il y a aussi la mairie. Nous en sommes très heureux et nous les remercions pour ce soutien. Nos remerciements également à l’endroit de nos partenaires techniques et financiers et aussi au RODEB. Ce programme nous a permis de réaliser de belles choses et a également permis aux bénéficiaires d’acquérir des connaissances.
La Communication du RODEB